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jeudi 11 janvier 2018

Homélie du 2ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 14 janvier 2018

Aujourd’hui nous voici à nouveau dans le Temps ordinaire. Au fil des dimanches, nous allons reprendre notre marche avec le Christ au rythme de sa vie publique. Á travers l’évangile de saint Marc (principalement), nous suivrons Jésus pour entendre à nouveau son enseignement et redécouvrir les gestes qu’il a faits et les signes qu’il a donnés. Mais pour suivre le Christ, il convient de s’attacher à Lui. L’évangile de ce jour veut nous y aider.
 
Cette démarche pour (re)fonder notre relation au Christ est engagée quand Jean-Baptiste désigne Jésus à ses disciples en leur disant : « Voici l’Agneau de Dieu » (Jn 1, 36). Ceci nous fait comprendre une première chose : on ne découvre pas Dieu tout seul. C’est d’ailleurs ce que la première lecture du livre de Samuel nous annonçait. La semaine passée déjà, avec la fête de l’Epiphanie, nous avions découvert comment les Mages sont arrivés au Christ, certes en suivant l’étoile, mais surtout en traversant les annonces prophétiques pour reconnaître en cet enfant l’Envoyé promis par Dieu comme berger de son peuple. On peut désirer rencontrer Dieu et le chercher de toutes sortes de façons. Mais tout cela restera inopérant si nous n’apprenons pas petit à petit à interpréter ces événements et ces paroles, et à comprendre qu’à travers eux, nous ne sommes pas dans une sorte de rêve (comme pouvait le croire Samuel), mais devant une parole qui vient de Dieu.
 
Pour le jeune Samuel, le prêtre Élie va être celui qui l’aidera à comprendre le sens des mots qu’il a entendus. Dans son sommeil, il a été appelé par son nom et croit que c’est Élie qui a besoin de lui. Á trois reprises, il se lève et va vers le vieux prêtre. Celui-ci comprend alors que Samuel ne rêve pas, mais que la parole qu’il entend vient de la part de Dieu. Élie lui explique alors comment y répondre, en disant : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute » (1 S 3, 9).
 
Dans la construction de notre relation avec Dieu, nous percevons des signes et des paroles. Mais nous ne savons pas trop qu’en faire. Nous croyons qu’il s’agit simplement des échos des événements de notre vie ou des paroles que nous échangeons. Nous ne sommes pas préparés ni prêts à y reconnaître un appel de Dieu, soit que nous ne le connaissions pas encore très bien, soit que nous l’ayons connu puis oublié, soit que nous ne sachions pas le reconnaître et l’identifier. Nous voyons des choses et nous entendons des mots. Mais où est Dieu dans tout-cela ?
 
Il faut bien que nous soyons aidés pour reconnaître sa présence. Nous avons besoin de cette première initiation qui nous éclaire sur le sens de ces événements et de ces paroles. Quelqu’un doit nous guider pour nous introduire dans la relation avec Dieu et nous dire : « Tu diras : ‘Parle, Seigneur, ton serviteur écoute’ ». Cette aide qui nous introduit à la rencontre avec Dieu, nous la recevons dans notre vie en Église, à travers la célébration de l’Eucharistie, dans le partage de la Parole de Dieu. Pour les enfants, c’est le rôle irremplaçable des parents et bien souvent des grands-parents.  Dans l’Évangile de saint Jean, c’est Jean-Baptiste qui remplit ce rôle. Il est venu en avant de Jésus pour préparer l’accueil du Messie d’Israël. Il a rassemblé des disciples autour de lui. Il a été témoin d’un signe de Dieu au moment du baptême de Jésus. C’est pourquoi, lorsque Jésus passe, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu » (Jn 1, 36). Jean ouvre à ses disciples le chemin d’accomplissement de ce qu’il avait dit : « Il faut que lui grandisse et que moi je diminue » (Jn 3, 30). Il les invite à se tourner non pas vers celui qui indique la direction (le poteau indicateur), mais vers le but que celui-ci désigne. Jean oriente ses disciples vers un autre, vers celui qui est le véritable terme de leur vie. Et parmi les disciples de Jean (combien étaient-ils ?), deux d’entre eux s’approchent de Jésus.
 
Pour suivre Jésus dans sa vie publique et comprendre qu’il accomplit les promesses de Dieu, il nous faut aller vers lui. C’est lui alors qui prend la parole et nous demande, comme il demande aux deux disciples : « que cherchez-vous ? » (Jn 1, 38). Nous sommes comme les deux disciples de Jean-Baptiste. Le Christ nous dit : « Venez et vous verrez. » Tout simplement.
 
AMEN.
 
 
Michel Steinmetz

mercredi 3 janvier 2018

Homélie de la solennité de l'Epiphanie du Seigneur - 7 janvier 2018

La venue des mages depuis l’Orient à la rencontre du roi des Juifs est un signe très important au point que l’évangile lui accorde une belle place. Mais c’est aussi un signe très important pour nous aujourd’hui qui continuons de chercher Dieu. Ces trois mages se mettent en route en suivant une étoile. On peut comprendre que, peut-être un peu férus d’astronomie, ils ont scruté le ciel à la recherche d’un signe et que voyant cette étoile extraordinaire, ils se sont mis en route et ont suivi la trace qu’elle dessinait dans le ciel. Ils se sont mis en recherche, mais de quoi ?
 
Nous l’entendons de la bouche des mages : ils sont à la recherche du roi des Juifs qui vient de naître. A partir de ce moment-là, leur démarche naturelle, alimentée par la curiosité ou par le désir de déchiffrer l’univers, prend un sens nouveau. Il ne s’agit plus simplement de suivre une étoile, il s’agit de reconnaître le roi des Juifs. Tout naturellement, puisque ce sont des gens raisonnables, pour reconnaître le roi des Juifs, ils vont s’adresser à celui qui exerce la fonction : le roi Hérode. Même si la légitimité de sa royauté est sujette à caution, il est le titulaire. Ils sèment alors la stupéfaction dans l’environnement du roi qui ne pensait pas du tout à la venue d’un roi des Juifs, malgré les prophéties qui avaient été transmises. Et voilà qu’Hérode interroge et que les scribes qui scrutent les Écritures lui disent : il y a un roi des Juifs qui est annoncé, qui sera le berger d’Israël, et qui doit naître à Bethléem. Ce petit épisode nous fait comprendre que, même pour ces représentants symboliques des nations païennes, la découverte, la reconnaissance du roi des Juifs, la démarche qu’ils veulent accomplir auprès de lui, ne peut pas faire l’économie des messages prophétiques qui l’ont annoncé et qui ont été adressés à Israël et transmis par lui. Il ne suffit pas de venir du grand Est pour tout savoir ; il faut accueillir l’annonce prophétique que nous transmet l’Écriture, et donc il faut accueillir, d’une certaine façon, cette tradition que porte Israël et qui doit permettre d’identifier cet enfant.
 
Vous vous souvenez que dans la nuit de Bethléem, l’identité de l’enfant a été annoncée par des anges aux bergers, c’est-à-dire en fait par Dieu lui-même. C’est Dieu lui-même qui dit aux bergers qu’ils vont trouver un sauveur et leur indique où ils vont le trouver. Pour les mages venus d’Orient, c’est la tradition prophétique qui va leur indiquer que cet enfant ce n’est pas simplement un sauveur indéfini, c’est un sauveur qui porte le titre de roi des Juifs et de berger de son peuple. Pour nous, qui essayons de reconnaître le Christ, non seulement à travers les signes évocateurs de sa nativité, mais aussi à travers les paroles qu’il a prononcées, les miracles qu’il a faits, il nous faut prendre le même chemin que les mages. Certes nous pouvons exercer notre intelligence pour essayer de mieux comprendre ce que Jésus a vécu, ce qu’il a dit, ce qu’il a fait, mais en sachant que le sens ultime de ces actes, est indissociable de l’annonce prophétique qui les ont préparés. C’est pourquoi il n’est pas possible d’accéder au Christ et de le comprendre, comme si rien n’avait été annoncé auparavant. Ce mirage ce sont les idéologues et les journaleux qui l’entretiennent.  En tout cas pour nous, c’est le sens de la réforme liturgique que le Concile Vatican II a mis en œuvre en restaurant, à partir la plus haute tradition chrétienne, la lecture du Premier Testament dans la liturgie. Nous savons que nous ne pouvons pas reconnaître le Christ sans nous inscrire dans l’interprétation que nous en ont proposé les prophètes par leur annonce. C’est pourquoi l’apôtre Paul dans l’épître aux Ephésiens évoque ce mystère qui était resté caché depuis les commencements du monde : l’élection d’Israël ouvrait à toutes les nations la participation au même héritage, au même corps, à la même promesse.
 
En vénérant le Christ avec les mages nous nous inscrivons dans cette lecture prophétique de l’Écriture et nous reconnaissons dans l’enfant couché dans une mangeoire, celui qui est envoyé pour être le berger de son peuple, le roi d’Israël, et plus encore celui qui est envoyé pour rassembler l’humanité tout entière.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz