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Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

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vendredi 26 mai 2017

Homélie du 7ème dimanche de Pâques (A) - 28 mai 2017

« Je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde » (Jn 17, 11). C’est comme par un constat que s’achève la prière de Jésus dans l’Evangile. Lui va partir, et nous, nous resterons. Nous le célébrions jeudi : le Christ est monté au ciel et désormais  les disciples devront s’accoutumer dans cette présence dans l’absence. Nous comprenons bien comment les disciples, bousculés par ce départ du Christ - même s’il avait été annoncé - ont pu se trouver désemparés et effrayés. Qu’allaient-ils devenir ? Qu’allaient-ils donc faire ? Mais nous, nous ne sommes pas exactement dans la situation des disciples. Car nous connaissons la suite de l’histoire. Nous ne sommes pas réunis après avoir célébré l’Ascension en nous demandant ce que nous allons devenir ! Nous savons que l’Esprit du Christ a été répandu en nos cœurs par la foi. Si bien que notre célébration entre l’Ascension et la Pentecôte, n’est pas une sorte de reconstitution artificielle pour essayer de nous faire éprouver les sentiments des disciples, c’est au contraire une invitation à découvrir, ou à mieux comprendre quelles sont la nature et la mission de l’Église.
 
Celle-ci se constitue par l’assemblée des croyants telle que nous la voyons dans les Actes des apôtres et telle qu’elle va se perpétuer au-delà. Elle se constitue par une assemblée d’hommes et de femmes dont la présence est motivée par la foi. Elle se constitue par la certitude que la présence de chacun et de chacune, en répondant à l’appel que Dieu lui a adressé à travers les circonstances de sa vie, l’installe comme un membre d’un corps et comme solidaire de ce corps. Elle se constitue pour que chacun et chacune des membres de l’Église puisse se fortifier de cette présence, développer sa foi en l’Esprit Saint, nourrir la charité. Nous ne sommes pas une entreprise en quête de reconnaissance : nous sommes un peuple habité par l’Esprit du Christ pour endurer au long des âges ce qui manque encore à ces souffrances pour accomplir le dessein de Dieu.
 
Mais ce peuple n’est pas rassemblé simplement pour se donner à lui-même sa raison d’être et sa force, il est rassemblé pour aller à la rencontre du monde qui l’entoure, des hommes et des femmes qui sont nos contemporains, ici dans ce pays comme à travers le monde. Ce peuple est rassemblé pour poursuivre la mission du Christ au service de la vie humaine. A travers chacune de nos existences quelque chose est en train de grandir et de se développer, c’est la vie de Dieu lui-même, une vie qui n’a pas de fin, cette vie éternelle dont nous parle l’évangile de saint Jean. Cette vie éternelle, Jésus nous dit en quoi elle consiste : « c’est qu’il te connaisse toi et celui que tu as envoyé Jésus Christ ». C’est la clef qui nous a été remise pour que nous la partagions, pour que nous la proposions, pour que nous l’annoncions de telle façon que, à travers toutes sortes d’événements, le chemin de la vie apparaisse de manière plus claire grâce à la manière dont Dieu l’éclaire en Jésus.
 
Cette nature et cette mission de l’Église se concrétisent chaque fois que le peuple de Dieu est rassemblé. Elle s’accomplit chaque fois qu’il se disperse pour aller annoncer la Bonne nouvelle aux hommes. Les deux mouvements sont nécessaires, et l’un ne va pas sans l’autre. Voilà bien pourquoi il nous faut sans cesse revenir à ce rassemblement, celui de l’eucharistie où le Christ nous accueille, nous nourrit pour mieux nous envoyer. Nous avons besoin de l’Église pour affronter l’absence visible du Christ, mais l’Église a besoin de nous pour que le Père et le Fils soient annoncés et connus de par le monde. Pour cela, il ne suffit pas que nous en parlions, il faut que nous en vivions. Il faut que notre existence fasse apparaître que nous sommes remplis de confiance alors que l’avenir se présente comme un doute permanent. Il faut que notre existence fasse apparaître que nous sommes remplis de confiance alors que les hommes et les femmes autour de nous vivent dans la crainte et la méfiance.
 
Frères et sœurs, redécouvrons la nature profonde de l’Eglise du Christ que nous formons et annonçons la présence sans fin du Christ à notre monde !
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz 

mardi 23 mai 2017

Homélie de la solennité de l'Ascension du Seigneur (A) - 25 mai 2017

Le cardinal Etchegaray rapporte cette belle légende qu’un moine d’Orient lui avait contée. Le Christ ressuscité, après Pâques, était en train de monter au ciel, il baissa les yeux vers la terre et la vit plongée dans l’obscurité, sauf quelques petites lumières sur la ville de Jérusalem. En pleine Ascension, il croise l’Archange Gabriel qui lui demande : « Quelles sont donc ces petites lumières, Seigneur ? » Jésus répond : « Ce sont les apôtres groupés autour de ma mère. Mon plan, à peine rentré dans le ciel de mon Père, est de leur envoyer l’Esprit-Saint pour que ces petits feux deviennent un grand brasier qui enflamme d’amour la terre entière ». L’Archange, un peu perplexe, se permet de questionner : « Seigneur, que ferez-vous si ce plan ne réussit pas ? » Après un long instant de silence, le Seigneur réplique : « Je n’ai pas d’autre plan. »
 
Ainsi l’histoire du monde était suspendue non aux ambitions des hommes politiques, à la puissance des armées, à la splendeur de la culture, aux progrès des sciences, mais à ce petit groupe d’hommes et de femmes pauvres, enfermés dans le cénacle à Jérusalem. Ils n’avaient pas d’argent, pas de relations, pas de comptes en banque, pas de diplômes, pas de relations dans les hautes sphères de la société. En moins de vingt-cinq ans, ces hommes réussirent à fonder des communautés non seulement en Israël mais en Egypte, en Mésopotamie, comme en Asie Mineure, en Macédoine, en Grèce, et jusque dans la capitale de l’Empire, Rome. A la fin du Ier siècle, on avait arrêté puis mis à mort les premiers apôtres mais l’élan missionnaire, loin de ralentir, s’activait et l’Evangile avait atteint l’Afrique du Nord et la Gaule. Partout des petites communautés naissaient, foyers de lumière qui brillaient au sein des métropoles et dans les campagnes, apportant la joie de la Bonne Nouvelle, permettant à des gens de toutes classes sociales de s’aimer, de s’entraider, de dialoguer, de se pardonner.
 
Hélas, en notre Europe occidentale où brillèrent, pendant des siècles, des centaines de milliers de ces lumières paroissiales, on voit avec tristesse qu’un certain nombre de ces petits foyers baissent d’intensité et même s’éteignent, alors qu’en Chine, en Inde, au Cambodge par exemple, de nouveaux s’allument. Au lieu de fixer les yeux vers le haut, vers leur destinée surnaturelle, vers la Cité future, beaucoup de baptisés veillent à leur confort, à leurs intérêts matériels. C’est « le sacre du présent » comme disait un philosophe. En ce jour, reprenons conscience que nous sommes faits pour « monter », pour aller au ciel avec le Christ. Non pour nous regarder le nombril et ne penser qu’au présent immédiat. Toutefois, ce ciel, on n’y va pas à n’importe quelles conditions. Le Christ n’a pu se laisser « emporter » là-haut que parce qu’il avait accompli la volonté de son Père. Il avait accepté de donner sa vie, et c’est parce qu’il avait aimé jusqu’à tout perdre et à en mourir que désormais, son Père lui donnait un être transfiguré, débarrassé des contraintes terrestres et capable de le rejoindre dans l’Amour Infini.
 
Oui, « Jésus n’a qu’un plan ». Aujourd’hui nous ne restons pas les yeux braqués vers le ciel. Nous devons au contraire regarder les uns vers les autres, nous aider à reconstruire des communautés chaleureuses et fières d’avoir reçu la mission unique, primordiale, indispensable : annoncer la bonne nouvelle du Salut. Mais ne nous précipitons pas : après le départ de leur Seigneur, les apôtres n’ont pas foncé pour accomplir leur mission car ils savaient très bien qu’ils en étaient incapables. Le Seigneur les avait prévenus : « Restez ici : je vais vous envoyer ce que mon Père a promis, la Force de Dieu, l’Esprit ». Et, groupés autour de Marie qui les gardait dans sa prière et sa confiance, ils prièrent, ils attendirent.
 
Ils nous regardent de là-haut : qu’avez-vous fait de notre enthousiasme originel ? Pourquoi n’osez-vous plus ? Pourquoi vous fiez-vous à d’autres appuis que l’Esprit ? De l’Ascension jusqu’à la Pentecôte, les apôtres restèrent en prière. A nous de les imiter. L’heure n’est pas à tracer de nouveaux plans. Seul le don de Dieu renouvelle l’Eglise.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

vendredi 19 mai 2017

Homélie du 6ème dimanche de Pâques (A) - 21 mai 2017

La liturgie nous invite à méditer sur les dernières paroles que Jésus a adressées à ses disciples avant sa mort. Aussi devons-nous entendre ces lectures dans deux périodes différentes où elles ont été prononcées et où elles sont reçues. La première période, c’est celle où Jésus annonce à ses disciples qu’il va les quitter. Même s’ils vont être témoins de son arrestation, de son procès, de sa mort, il ne les abandonnera pas. Ils le verront vivant et cette vision sera le fondement de leur foi.
Mais nous pouvons entendre aussi ces paroles du Christ dans notre propre temps, comme l’annonce de ce qui se passera après son Ascension, quand il aura quitté physiquement ses disciples. Nous n’avons pas de peine à imaginer combien l’absence physique de Jésus a été dure à vivre pour les apôtres. Il faudra attendre le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte pour que cette situation d’abandon soit surmontée et que les disciples comprennent comment Jésus peut être présent dans leur vie bien qu’ils ne le voient plus. C’est exactement l’expérience de foi à laquelle nous sommes invités, nous qui ne verrons jamais le Christ de nos yeux en ce monde, et qui devons expérimenter sa présence sous une forme invisible, la forme de son Esprit. Jésus lui-même comment il restera présent aux siens.
 
La première manière d’être présent pour lui, c’est la présence de l’Esprit de Dieu à nos cœurs. Si nous l’aimons nous serons en communion avec lui, nous resterons fidèles à ses commandements, et il viendra demeurer en nous. Cette certitude de la présence du Christ à notre cœur, pas simplement comme la présence de quelqu’un d’extérieur à notre vie mais comme quelqu’un qui est au plus intime de nous-mêmes, la certitude que nous ne sommes jamais seuls, qu’à tout moment de notre journée, de notre existence, nous pouvons nous tourner vers lui et nous adresser à lui, cette certitude, c’est la première modalité de la présence du Christ par son Esprit que nous avons reçu au baptême et à la confirmation. Il n’abandonne pas ceux qui croient en lui, il est présent au plus intime d’eux-mêmes.
 
La deuxième modalité de cette présence de l’Esprit, se manifeste à travers les fruits que produit l’Esprit dans son Église, comme nous l’avons entendu à travers le récit des Actes des apôtres, où nous voyons que Philippe donne les signes du salut. Aujourd’hui beaucoup de gens ne savent plus très bien quel sera leur avenir, s’ils ont un avenir ; beaucoup de gens doutent de la vie et se demandent s’il vaut la peine de vivre. Rencontrer alors des signes d’espérance à travers les services que l’Église est appelée à rendre à l’humanité, en accueillant ceux qui sont entravés dans leur liberté par le péché ou par les esprits mauvais, à travers ceux qui sont accablés par la souffrance du corps ou de l’âme, à travers ceux qui sont soumis à la misère, c’est donner les signes du salut, c’est manifester que le Christ continue d’agir en notre monde. Ces signes du salut apportent une espérance qui est la source de la joie.
La troisième modalité de cette présence du Christ au monde par son Esprit, c’est la capacité qu’il met en nous de rendre témoignage à sa parole, afin que nous soyons toujours prêts à nous expliquer devant ceux qui nous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en nous. Si ceux qui nous entourent sont témoins des fruits de l’Esprit dans notre vie, il est bien légitime qu’ils s’interrogent d’où vient cette force. D’où vient cette énergie ? D’où vient cette paix ? D’où vient cette joie ? Il est légitime qu’ils nous demandent où nous puisons les ressources de notre vie. C’est l’Esprit de Dieu en nous qui nous permet de rendre témoignage que c’est le Christ lui-même que nous reconnaissons dans nos cœurs comme celui qui est la source de toutes nos forces.
 
Jésus, selon sa promesse, est avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde, et que jamais un disciple du Christ, un chrétien baptisé, confirmé, qui essaye de garder la parole de Dieu et de la mettre en pratique, jamais il ne peut être abandonné, toujours il sait que le Seigneur l’accompagne tous les jours de sa vie.
 
AMEN.
 
 
Michel Steinmetz

vendredi 12 mai 2017

Homélie du 5ème dimanche de Pâques (A) - 14 mai 2017

« Croyez au moins à cause des œuvres » ! Que connaissons-nous des œuvres du Christ nous, aujourd’hui ? Avons-nous des moyens de les connaître, comment peuvent-elles apparaître dans notre vie ? Nous devons regarder la génération des apôtres confrontée à l’absence de Jésus. Jésus est retourné auprès du Père, il n’est plus visible. Alors quelles œuvres nous donne-t-il à voir ? Elles sont de deux types.
 

Le premier type d’œuvre, c’est le peuple qu’il a constitué lui-même autour de lui, ce « peuple saint », cette « nation sainte », comme nous dit l’épître de Pierre. Ce qui nous permet de comprendre que le Christ est à l’œuvre aujourd’hui, ce n’est pas de voir des choses mystérieuses, c’est de voir simplement que le peuple chrétien constitué par la parole du Christ, rassemblé par sa parole, uni dans son amour, constitue un corps vivant. C’est peut-être parfois un peu dur à voir quand nous nous regardons, quand nous regardons nos paroisses, nos assemblées. Et pourtant, il y a là une réalité : notre baptême fait de nous un peuple saint. Notre fidélité quotidienne à l’Evangile – j’insiste sur ce terme de « quotidien », de banalement quotidien – rend visible notre sainteté commune. Ne nous y trompons pas : nos fidélités respectives, additionnées arithmétiquement, ne rendent pas plus saint le peuple que Dieu s’est choisi, car c’est le choix que Dieu fait de nous qui nous communique notre sainteté. Mais nos fidélités respectives manifestent cela de manière plus immédiate : elles permettent à la sainteté de Dieu d’être plus clairement perçue. On me dit de tous côtés depuis longtemps que nous sommes entrés dans l’ère postchrétienne, dans la fin du christianisme, dans l’effacement de la religion. Pourtant, par bien des aspects, nous découvrons que la fin du christianisme n’est pas arrivée, que nous ne sommes pas encore dans l’ère d’après le christianisme. La foi n’a pas disparu. Des enfants sont émerveillés de découvrir la foi, même si on aimerait qu’ils soient plus nombreux. Des jeunes vivent un authentique chemin spirituel dans la fréquentation de nos paroisses, même si on aimerait qu’ils soient plus nombreux. Des adultes se rendent solidaires de leur prochain au nom de leur foi, même si on aimerait qu’ils soient plus nombreux. L’Eglise n’est pas simplement comme un organe témoin de quelques vieilles personnes nostalgiques de leur enfance. Ce peuple, ce sont les pierres vivantes de l’Église, ce sont les œuvres du Christ aujourd’hui pour manifester que sa puissance de résurrection est toujours en action.
 

Le deuxième signe de cette œuvre du Christ, nous le découvrons dans le fait que, par le don de son Esprit au moment de la Pentecôte, il a rendu l’Église naissante, capable d’adapter ses conditions de fonctionnement et de vie aux conditions dans lesquelles elle se trouve. Nous en avons un exemple avec le récit des Actes des apôtres. Dès la première génération apostolique, la communion ecclésiale est soumise à des tensions, des revendications, des difficultés pratiques qui sont le propre de toute société vivante. Quantité de gens se sont rattachés à cette Église, -on nous dit le « nombre des disciples augmentait »- c’étaient des gens d’une culture différente, de langue grecque, qui n’étaient pas des Juifs de Palestine. D’un seul coup on voit donc surgir entre ces cultures, ces manières de comprendre la vie, des compétitions, des tensions, des jalousies. Alors, la société que le Christ a fondée pour être son Église va-t-elle gérer ces difficultés normales de la vie selon les procédures de la société politique ? C’est une œuvre du Christ de nous faire comprendre que ces transformations progressives du fonctionnement d’une communauté chrétienne ne sont pas des décisions bureaucratiques mais sont une façon spirituelle de faire face aux difficultés du moment, de les assumer, de les réfléchir, de prier, de se mettre d’accord ensemble sur la manière de les résoudre. Ainsi se constitue une nation sainte qui n’est pas simplement une population politique mais une communion dans la charité. Cette communion dans la charité s’organise par le don de l’Esprit.
 

Notre foi peut donc s’appuyer sur des œuvres. Non pas les nôtres mais celles du Christ qui agit en nous et par nous. Il nous fait participer «  à sa propre nature divine » (oraison sur les offrandes). Ne privons pas notre monde de découvrir la puissant agissante du Ressuscité !
 
 
AMEN.
                                                                                                                                                                                                                      

Michel Steinmetz

vendredi 5 mai 2017

Homélie du 4ème dimanche de Pâques (A) - 7 mai 2017

La question que les pharisiens n’osent pas poser à Jésus dans ce passage de l’Evangile que nous venons d’entendre, mais qui traverse tout le ministère public de Jésus est celle de sa légitimité : « De quel droit, au nom de qui fais-tu cela ? Par quelle autorité guéris-tu et parles-tu ? ». Cette question de la légitimité sera posée avec plus d’exigence encore à propos de ceux qui suivront Jésus et parleront en son nom. Ce ne sont pas là des questions théoriques. Comment sommes-nous assurés de ne pas faire fausse route en suivant Jésus dans son Eglise ? Ou bien sommes-nous chrétiens pour des raisons historiques ou géographiques, parce que nous adhérons à la religion la plus répandue là où nous nous trouvons ? On nous parle d’ailleurs aujourd’hui du supermarché du spirituel, dans lequel les gens piochent ce qui les intéresse dans les différentes religions pour obtenir la « mayonnaise » qui leur convient. Beaucoup de nos contemporains ne croient pas qu’une religion soit plus recommandable ou légitime que les autres et entrent, sans malice d’ailleurs, dans ce genre de construction.
 

Marcher sous la conduite d’un pasteur, ce n’est pas faire ce genre de bricolage religieux. Mais, sans empêcher les autres religions d’exister, comment pouvons-nous avoir une conscience claire que le Christ est la porte par laquelle il faut passer pour accéder aux verts pâturages de l’existence ? Et même si Jésus lui-même peut avoir une réelle légitimité, nous voyons bien qu’il n’est pas évident que l’Eglise qu’il a instituée, puisse la posséder à son tour. Dès lors, allons-nous nous diriger vers la proposition la plus chaleureuse, la plus forte, la plus médiatique ou la plus amusante ?
 

La référence unique au Christ permet d’éviter ces différents risques. Et cette référence au Christ est garantie dans la mission de l’Eglise, à travers la charge pastorale que reçoivent les évêques et les prêtres leurs collaborateurs. Les uns et les autres n’ont pas hérité de cette tâche par les hasards de la distribution des rôles, ni même seulement en raison des compétences qu’ils ont acquises par leur formation ou leur éducation, ou encore comme un métier pour lequel ils se seraient présentés. Ils reçoivent ce ministère en répondant à un appel du Christ. Cette alliance qui les engage pour la vie manifeste l’absolu de l’amour de Dieu, et garantit que notre assemblée dominicale n’est pas la perpétuation d’une vieille habitude, mais un acte de Dieu qui nous rassemble autour de sa Parole et dans la présence sacramentelle du Christ.
 

Jésus a transmis à ses disciples la capacité de le rendre présent : « Vous ferez cela en mémoire de moi ». Il offre ainsi à tout homme la possibilité d’entrer dans une communion étroite avec lui, en le recevant comme une nourriture et une boisson. Lorsque vous direz  « Amen » (c’est-à-dire « Oui, je crois ») tout à l’heure en venant recevoir le Corps du Christ, vous ne le ferez pas pour me faire plaisir. Vous manifesterez votre confiance en cette légitimité sacramentelle, qui donne à celui qui été ordonné de pouvoir vous mettre en communion avec le Christ, et de nourrir cette communion par les sacrements. Les évêques, les prêtres et les diacres sont choisis pour annoncer la bonne nouvelle du Salut et permettre que la vie et l’action de la communauté soient éclairées par l’Evangile. Ainsi, l’Eglise n’est pas une association de bienfaisance parmi d’autres mais une communauté de foi, capable de proposer à notre société une parole qui vient d’ailleurs et dit quelque chose de nouveau.
 

En ce dimanche du bon Pasteur, je vous invite à avoir une pensée pour ceux qui dans notre diocèse se préparent pour devenir prêtres, mais également pour ceux que cette question a touchés et qui n’ont pas encore répondu, parce qu’ils ne sont pas encore prêts ou parce qu’ils ont d’abord quelque chose à finir. Ces jeunes existent, y compris dans notre communauté de paroisses. Prions pour qu’ils soient réellement libres de répondre.
 

Que le Seigneur fortifie en nous cette assurance d’être entrés par la porte et d’être conduits par le Bon Pasteur vers les pâturages nourrissants. Amen.
 

AMEN.
 

Michel Steinmetz