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vendredi 24 avril 2015

Homélie du 4ème dimanche de Pâques - 26 avril 2015

" Je suis le bon pasteur ». C’est une des métaphores les plus connues du Nouveau Testament. Jésus est le berger, et nous sommes les brebis. C’est une métaphore, une image riche qui a une longue histoire dans la tradition juive. Le roi David était connu comme berger ; « Berger » est devenu un titre royal. Dans le livre du prophète Ézéchiel Dieu rejette les bergers humains, les rois d’Israël, et dit qu’il deviendra lui-même un jour le berger de son peuple. En s’appelant berger, Jésus dit donc que Dieu est présent en lui, et qu’en lui Dieu guide son peuple.
 
On comprend l’enjeu de l’expression dans le discours de Jésus. Mais il n’y a là qu’une image. En effet, nous ne sommes pas des brebis. La vie d’une brebis est simple : elle mange de l’herbe, elle dort, elle s’accouple de temps en temps avec un bélier. Elle suit les autres brebis, qui suivent le berger. Puis, on l’abat et on la mange. Ce n’est pas une bête remarquable. La vie humaine est beaucoup plus compliquée, plus intéressante, plus difficile et pleine de beaucoup plus de possibilités que celle d’une brebis. Si nous ne sommes pas des brebis, Jésus n’est pas non plus un simple berger. Il prend d’ailleurs soin de le préciser. Y avez-vous prêté attention ? Jésus se distingue du berger mercenaire, tout d’abord. Ce dernier n’aime pas ses brebis. Il est même couard ; jamais il se mettra en danger pour elles quand le loup survient. Il les abandonne et pense à sauver sa propre personne. Jésus n’est pas non plus un « simple » berger pour qui les bêtes du troupeau sont un instrument de travail et un gagne-pain. Jésus dit qu’il est « un bon berger ». Bon, c’est-à-dire plein de bonté, plein d’amour et d’attention. Il se soucie de chacune de brebis qui composent le troupeau.
 
Comme toute métaphore, celle-ci est à dépasser. Nous comprenons bien que l’image a ses limites. Jésus est plus qu’un berger. C’est en suivant leur berger que les brebis trouvent leur nourriture et leur sécurité, c’est-à-dire leur vie. Les brebis ne suivent pas n’importe qui. Les brebis, dit Jésus, reconnaissent la voix du berger à qui elles appartiennent. Si une brebis arrive à s’égarer parmi les rochers, nous pouvons nous égarer dans le monde. Nous pouvons perdre notre orientation dans le monde, ou le monde et la vie peuvent perdre leur sens, ils peuvent devenir muets et ne plus nous parler. Alors, dans ce silence, nous sommes profondément perdus. Nous avons besoin de plus qu’un berger. Nous avons besoin de quelqu’un qui nous permette de nous retrouver, en qui nous puissions retrouver le sens de notre vie et du monde. C’est pourquoi, si Jésus parle de lui-même comme d’un berger, nous devons nous souvenir qu’il est aussi « Verbe de Dieu », la parole vivante de Dieu par qui tout est créé. Cette parole s’est faite chair, c’est Jésus, le berger. C’est pourquoi il est tellement important d’écouter et de reconnaître la voix de ce berger dans le concert, parfois le tumulte ou la cacophonie des voix du monde.
 
Jésus dit encore une autre chose importante. « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. » Le Christ éclaire déjà le sens de sa mort et de sa résurrection : faire entrer l’ensemble de l’humanité là où son Pasteur entrera victorieux (cf. collecte de la messe). Le mystère pascal n’est pas un événement privatif dont nous pourrions nous vanter d’être les jaloux bénéficiaires. Car les chrétiens ne sont pas les seuls à naître et à mourir : ils ne sont pas les seuls à être appelés à renaître dans la mort et la résurrection du Christ. Toute l’humanité, sans distinction de races ou de frontières, est renouvelée dans cette joyeuse nouvelle. La responsabilité de ceux qui en vivent déjà, nous les baptisés, est d’en être associés à l’annonce. Le peuple saint est organisé autour des ministères, des fonctions, des charismes pour que sans cesse et partout la résurrection se poursuive et se propage.
 
Sommes-nous conscients d’être les associés du Ressuscité ?
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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