" Je suis le bon
pasteur ». C’est une des métaphores les plus connues du Nouveau Testament.
Jésus est le berger, et nous sommes les brebis. C’est une métaphore, une image riche qui a une longue
histoire dans la tradition juive. Le roi David était connu comme berger ; «
Berger » est devenu un titre royal. Dans le livre du prophète Ézéchiel Dieu
rejette les bergers humains, les rois d’Israël, et dit qu’il deviendra lui-même
un jour le berger de son peuple. En s’appelant berger, Jésus dit donc que Dieu
est présent en lui, et qu’en lui Dieu guide son peuple.
On comprend l’enjeu de l’expression dans le discours de
Jésus. Mais il n’y a là qu’une image. En effet, nous ne sommes pas des brebis.
La vie d’une brebis est simple : elle mange de l’herbe, elle dort, elle
s’accouple de temps en temps avec un bélier. Elle suit les autres brebis, qui
suivent le berger. Puis, on l’abat et on la mange. Ce n’est pas une bête
remarquable. La vie humaine est beaucoup plus compliquée, plus intéressante,
plus difficile et pleine de beaucoup plus de possibilités que celle d’une
brebis. Si nous ne sommes pas des brebis, Jésus n’est pas non plus
un simple berger. Il prend d’ailleurs soin de le préciser. Y avez-vous prêté
attention ? Jésus se distingue du berger mercenaire, tout d’abord. Ce
dernier n’aime pas ses brebis. Il est même couard ; jamais il se mettra en
danger pour elles quand le loup survient. Il les abandonne et pense à sauver sa
propre personne. Jésus n’est pas non plus un « simple » berger pour
qui les bêtes du troupeau sont un instrument de travail et un gagne-pain. Jésus
dit qu’il est « un bon berger ». Bon, c’est-à-dire plein de bonté,
plein d’amour et d’attention. Il se soucie de chacune de brebis qui composent
le troupeau.
Comme toute métaphore, celle-ci est à dépasser. Nous
comprenons bien que l’image a ses limites. Jésus est plus qu’un berger. C’est
en suivant leur berger que les brebis trouvent leur nourriture et leur
sécurité, c’est-à-dire leur vie. Les brebis ne suivent pas n’importe qui. Les
brebis, dit Jésus, reconnaissent la voix du berger à qui elles appartiennent. Si
une brebis arrive à s’égarer parmi les rochers, nous pouvons nous égarer dans
le monde. Nous pouvons perdre notre orientation dans le monde, ou le monde et
la vie peuvent perdre leur sens, ils peuvent devenir muets et ne plus nous
parler. Alors, dans ce silence, nous sommes profondément perdus. Nous avons
besoin de plus qu’un berger. Nous avons besoin de quelqu’un qui nous permette
de nous retrouver, en qui nous puissions retrouver le sens de notre vie et du
monde. C’est pourquoi, si Jésus parle de lui-même comme d’un berger, nous
devons nous souvenir qu’il est aussi « Verbe de Dieu », la parole vivante de
Dieu par qui tout est créé. Cette parole s’est faite chair, c’est Jésus, le
berger. C’est pourquoi il est tellement important d’écouter et de reconnaître
la voix de ce berger dans le concert, parfois le tumulte ou la cacophonie des
voix du monde.
Sommes-nous conscients d’être les associés du
Ressuscité ?
AMEN.
Michel
Steinmetz †
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