Depuis ce premier jour
de la semaine où les femmes sont venues au tombeau pour ensevelir le Christ
selon la coutume, et depuis l’arrivée de ces deux disciples qui viennent
vérifier ce que les femmes leur ont raconté, nous savons que la foi en la
résurrection repose sur une expérience : celle de la vue du tombeau vide, « Il
vit, et il crut » (Jn 20, 8). Évidemment, personne parmi nous n’aura la
possibilité de voir le tombeau vide, le linceul soigneusement plié, la place où
a reposé le corps de Jésus !
Notre foi en la
Résurrection repose nécessairement sur le témoignage de ces premiers disciples.
Cette dépendance introduit évidemment une question : jusqu’à quel point ce
témoignage est-il crédible ? Jusqu’à quel point pouvons-nous faire confiance à
ces témoins de la résurrection ? Jusqu’à quel point devons-nous croire ce
qu’ils nous disent, à défaut de croire ce que nous voyons ? Pour ceux qui sont
entrés dans la vie de l’Église, leur confiance ne s’achève pas à la crédibilité
du témoignage, mais elle s’étend à la confiance qu’ils font à l’Église. Nous
croyons la Parole que nous entendons parce qu’elle nous est garantie par
l’Église. Mais tous ne participent pas de cette confiance à l’Église, et même
certains mettent en doute son honnêteté dans la transmission du message.
Qu’est-ce qui va garantir l’authenticité de ce témoignage, sinon les signes qui
vont accompagner ce témoignage ? Et le premier signe qui va accompagner ce
témoignage, comme nous l’entendrons dans la lecture des Actes des apôtres tout
au long de ces dimanches du temps pascal, c’est la manière dont les apôtres
vont reproduire dans des circonstances nouvelles les mêmes miracles que Jésus a
accomplis pendant sa vie. Ils vont guérir, ils vont remettre debout des
paralytiques, ils vont rendre la vue à des aveugles, mais plus encore, ils vont
affronter la captivité et la mort par fidélité à Jésus. Ce témoignage d’une vie
nouvelle, comme le dit l’apôtre Paul dans l’épître aux Colossiens, c’est une
vie tournée vers les réalités d’en-haut et non pas vers les réalités de la
terre. Ce témoignage appuie la force de la parole qui nous est adressée.
Si bien que, n’ayant
pas pu voir le tombeau vide, et n’ayant aucune chance de le voir jusqu’au terme
de notre vie terrestre, nous croyons. Mais nous ne croyons pas seulement sans
voir, car si nous ne voyons pas le tombeau vide, nous avons autre chose à voir
qui s’offre à notre jugement, c’est la vie nouvelle que mènent les disciples du
Christ. Nous ne voyons pas le tombeau vide, mais nous voyons les fruits de la Résurrection
à travers l’existence des chrétiens à travers les âges et à travers l’espace.
Nous savons que cette parole a soulevé des hommes et des femmes ordinaires,
comme nous, et les a entraînés jusqu’au don total de leur vie par amour de Dieu
et par amour de leurs frères. Nous ne voyons pas le tombeau vide mais nous
voyons la vie nouvelle se développer à travers le tissu de l’Église. Cette vie
nouvelle transforme les faiblesses de notre condition humaine, corrige les
penchants à l’égoïsme et à l’indifférence et mobilise l’amour pour nos frères
de telle façon que de tout temps, les hommes et les femmes de bonne volonté ont
quelque chose à voir : sinon le tombeau vide du moins la vie nouvelle à l’œuvre
à travers l’humanité.
Cela nous renvoie à
une question cruciale. S’il n’est pas possible de voir le tombeau vide, mais
seulement de faire confiance à la parole de ceux qui ont été les témoins, et
que ce témoignage se vérifie en ses fruits, contredisons-nous la résurrection
de Jésus ? Dans un monde qui cherche, qui est en quête de preuves, nous ne
pouvons donner d’autres preuves que les fruits de ce que la Résurrection
produit pour nous. Sommes-nous alors dans l’ordre du témoignage ou du
contre-témoignage ? Le monde, nous voyant, peut-il entendre comme crédible
qu’ « il est vraiment ressuscité » ? Que la force de sa
Résurrection est capable de changer des vies et bouleverser des cœurs ?
Chers amis, soyez les heureux témoins en sortant de cette église d’un Christ
qui se rend visible et vivant par votre joie et votre charité !
AMEN.
Michel
Steinmetz †
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