Frères et sœurs, vous vous
souvenez sans doute encore tous de la théorie du fameux quotient intellectuel,
le QI, qu’il fallait pouvoir mesurer pour apprécier la valeur d’une personne et
son potentiel de réussite. Tout se situait au niveau de l’intelligence
rationnelle de l’être humain. Puis, peu
à peu, des chercheurs se sont rendus compte que l’intelligence ne pouvait se
suffire à elle-même mais qu’elle devait se combiner à une autre dimension de notre humanité : nos
émotions qui ont également leur siège au sein de notre cerveau. Ainsi est née l’intelligence émotionnelle
avec son QE: le quotient émotionnel. Et
depuis quelques années, certains scientifiques reconnaissent qu’il y a un
troisième quotient à intégrer : il s’agit cette fois du quotient spirituel, le
QS. En effet, chaque être humain est en
quête de sens et cherche à vivre en fonction de la raison d’être qu’il donne à
sa vie. Tout en reconnaissant, que pour
certains, cette dernière s’inscrit dans quelque chose de plus grand que nous et
que nous nommons Dieu.
Dans la foi, la Vie nous a
été confiée et nous avons chacune et chacun une destinée à accomplir à partir
des choix que nous posons. Il a donc fallu tant d’années pour découvrir l’impact
du QI, du QE et du QS dans nos existences alors qu’il aurait suffi de bien
comprendre l’évangile que nous venons d’entendre. Nous appelons, pour notre part,
cette destinée : une vocation. Elle est réponse à un appel que Dieu nous
adresse personnellement et répond, non à la question : « quel est mon
destin ? », mais bien : « à quoi Dieu m’appelle-t-il ? ».
" Marie, cependant, retenait tous ces événements
et les méditait dans son cœur », nous dit l’évangéliste Luc. Face aux événements que nous traversons ou
encore dont nous sommes parfois les témoins, nous sommes invités à utiliser en
premier lieu notre raison pour comprendre ce qu’il nous arrive et surtout pour
chercher à y donner sens. Comment
pouvons-nous grandir à partir de certaines expériences même si celles-ci sont
pénibles voire douloureuses pour le corps et pour l’esprit ? Nous utilisons notre intelligence rationnelle
pour ne pas nous laisser dépasser par ce fléau contemporain qui est de chercher
toujours plus d’émotionnel. Inscrire les
événements dans l’émotionnel pur, c’est tomber dans le piège de l’éphémère et
du sensationnel.
Mais
comme le démontre Marie, le travail de mémoire ne peut suffire. Il y a lieu de passer à une étape suivante,
celle d’utiliser cette fois notre intelligence émotionnelle, c’est-à-dire d’inscrire
tout événement dans les sentiments qui nous font grandir. Notre intelligence
émotionnelle est là pour mettre dans nos vies une dose de douceur, une pointe
de tendresse, une pincée de bienveillance,
une mesure d’affection véritable.
Utiliser notre intelligence émotionnelle nous incite ainsi à ne pas
tomber dans ce sensationnalisme primaire et à être submergés par nos
émotions. Ici, c’est tout le
contraire. Notre intelligence
émotionnelle va nous permettre de remettre de l’humanité au cœur d’un
événement. Il s’agit de tout ce travail
de méditation qui va conduire à un changement intérieur en profondeur.
Puis
vient la troisième et dernière étape : vivre ce que nous avons à vivre dans
notre cœur, c’est-à-dire atteindre cette sagesse du cœur en inscrivant l’événement
dans l’Amour par excellence. Nous
cherchons cette fois à lui donner une dimension spirituelle. L’évènement vécu puis médité devient à la
fois une leçon de vie et une expérience spirituelle dans la foi en Dieu.
A l’exemple de Marie, Mère de Dieu, nous sommes
priés à notre tour de méditer en nous, à la lumière de la Parole de Dieu, les
évènements de notre vie. C’est ainsi que ce matin, en ce premier jour de
l’année civile, nous allons considérer
les moments passés et envisager ceux à venir. Nous ne le faisons pas en les évaluant
avec des quotients. Ce serait nous prendre pour une norme. Nous les plaçons
dans la lumière de l’Evangile. Nous pouvons contempler combien ils ont pris, ou
pas, du relief ; comment, ou pas, ils ont réfléchi la Lumière de Dieu ; ce
qu’ils ont produit, ou pas, en nous de grâce. Et nous demanderons à la sainte
Mère de Dieu, notre mère, d’ouvrir notre cœur.
Michel STEINMETZ †