Le Seigneur fait bien les choses. Alors que, autour de
Notre-Dame d’Altbronn, nous marquons la fin de l’année pastorale en rendant
grâce pour les bienfaits reçus et en demandant pardon pour nos manquements, le
Seigneur voit nos mines fatiguées et en attente de repos. Dans le calendrier
social, l’été est associé au temps des vacances. Tous, à des degrés ou des
titres divers, nous profiterons de ces semaines qui s’ouvrent à nous, plus
calmes, plus sereines. Aujourd’hui, l’évangile tombe à point nommé. L’Eglise
vous propose ce dimanche la perspective la plus reposante qui soit : s’abandonner
au Christ. « Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et
moi, je vous procurerai le repos » (Mt 11, 28). Nul besoin, pour cela, de
prendre le train, de passer du temps dans un aéroport, de perdre patience sur
des autoroutes surchargées. Si vous êtes à la messe, vous êtes déjà à bon port.
Le Père est révélé aux tout-petits, c’est-à-dire aux
faibles, à ceux qui peinent et sont fatigués. En quoi consiste donc cette
révélation ? En ce qu’ils sont confiés à la compassion active du Christ.
Le Seigneur ne se contente pas d’une communion de sympathie : courage, je
suis avec vous, tenez bon ! Bien davantage, activement, il prend part à ce
qui nous alourdit en se chargeant lui-même de nos fardeaux.
Jésus
dit : « Mon joug est facile à porter et mon fardeau léger ». Prise au
pied de la lettre, cette expression peut être choquante ! Je pense à nous tous
qui subissons parfois l’ironie de ce monde contre la foi. Je pense à ceux qui
sont parfois confrontés à des drames familiaux tels qu’on en vient à penser : « Mais
où est-il, Dieu ? ». Je pense à ceux qui viennent de perdre un proche. Je
pense à ceux que touche la maladie. Cette parole de Jésus sera irrecevable en l’état
pour eux. La vie est dure certains jours mais Jésus ne le nie pas lorsqu’il dit
: « Venez à moi, vous qui peinez sous le poids du fardeau et moi, je vous
procurerai le repos ».
Et
pourquoi Jésus dit-il qu’avec lui notre fardeau peut être allégé ? Parce
que le Dieu que nous révèle Jésus et qui se révèle en lui ne reste sur la
touche du stade de nos luttes humaines. Le Christ s’engage aux côtés de chacun
de nous. Il ne reste pas extérieur, mais il se fait intime à nous-mêmes plus
que nous-même et plus que n’importe qui peut le faire. Et voilà pourquoi il
peut prendre sur lui nos fardeaux et nous aider à les porter. Voilà pourquoi il
est celui que nous devons invoquer et supplier, sans jamais désespérer. Ce que
personne d’autre n’est capable de faire, Lui peut le faire. Il le fait au point
de prendre sur lui nos souffrances, nos misères, notre trop-plein de cette vie.
Jésus est celui qui suggère de jeter en Dieu nos soucis : non pas les nier,
faire comme s’ils n’existaient pas, mais les jeter en lui, perdre l’illusion
que nous seuls pouvons sauver le monde et nous sauver avec. Jésus nous convie aussi
à la solidarité, il nous invite à porter nos fardeaux les uns des autres et
nous rendre participants de son œuvre.
En
ce dimanche tout particulièrement, et comme un baume sur notre cœur, le Christ
nous redit qu’il prend soin de nous. Par sa Parole, il nous guérit ; par
son Pain, il nous nourrit ; par son Esprit, il nous vivifie. Alors, nous
appartenons au Christ et nous sommes enfin, comme l’exprime Paul, « libérés
de l’emprise de la chair (Rm 8, 9), c’est-à-dire ce qui s’oppose à Dieu et
conduit à la mort. Que repos pour nous, après l’accablement d’un combat trop
inégal pour notre faiblesse ! La force nous vient d’un roi humble,
pacifique, la victoire appartient à cet étonnant guerrier, sans arme et sans
armure, qu’évoquait le prophète Zacharie dans la première lecture.
Savourons
donc dans la joie et la simplicité maintenant, comme des enfants, le repos qui
nous offert dans le Fils. C’est une véritable « recréation » en
profondeur pour notre cœur que nous sommes appelés à vivre en ces semaines d’été.
Trouver en Christ le repos : que nous soyons déjà en vacances ou pas,
cette promesse du Christ est la bienvenue en nos vies surchargées.
AMEN.
Michel Steinmetz †