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Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

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mardi 27 février 2007

Travaux à l'église Sainte-Famille de Schiltigheim

Depuis le 1er janvier 2007 et pour une durée de 9 mois, d'importants travaux sont entrepris à l'église Sainte-Famille de SCHILITGHEIM.
Outre l'aspect d'entretien de l'édifice (remise en peinture, traitement de fissures), c'est la volonté de redonner à cet édifice une cohérence interne et une lisibilité de son espace qui a présidé à la réflexion. Il a ainsi été décidé de conserver le pavement ancien et de la reconstituer là où il avait disparu. Une grande commande a été confiée à Fleur Nabert, sculpteur-peintre: elle consistera en la réalisation de sept créations contemporaines pour le choeur et l'espace liturgique.
Inauguration de l'ensemble les 22 et 23 septembre 2007.
Mais auparavant, il faut gérer et coordonner l'action des tous les corps de métiers pour tenir le calendrier imparti. L'église sera intégralement rendue au culte pour l'entrée dans la Semaine Sainte, le dimanche des Rameaux 1er avril, à la fin d'une première tranche de "gros oeuvre" ! De l'ambiance en perspective !
Découvrez l'ensemble du projet, le document de mécénat, les photos du chantier sur : www.catho-schiltigheim.fr (paroisse Sainte-Famille).

Concert le 18 mars 2007, à Saverne


Le dimanche 18 mars prochain, à 17 h15, aura lieu en l'église Notre-Dame de la Nativité de SAVERNE un concert réunissant l'ensemble grégorien "Jubilate", placé sous la direction de Maurice Bignet, et l'organiste Michel Steinmetz.


Les pièces grégoriennes, issues du répertoire du Carême, du temps de la Passion et de celui de Pâques, inviteront au cheminement pascal.
L'intervention de l'orgue s'attachera d'une part à déployer l'art de l'improvisation afin d'illustrer les motifs grégoriens et d'autre part à mettre en parallèle chant grégorien et compositions contemporaines (Langlais, Litaize...).


Accès : par l'autoroute (sortie Saverne) ou par la N4. Dans la ville, possibilité de se garer Place des Dragons ou Place du Général de Gaulle (devant le Château des Rohan).

samedi 24 février 2007

Homélie du 1er dimanche de Carême (C) - 25 février 2007


« Il fut conduit par l’Esprit à travers le désert ». Luc 4, 1.

Saint Paul ne se trompe pas lorsqu’il déclare : « la Parole de Dieu est près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur », puisque même le démon, instruit de ces vérités, décide de tenter Jésus en dévoyant la Parole de Dieu. Chose surprenante ! Les phrases qu’il prononce à l’égard de Jésus sont des citations bibliques. Le Seigneur ne se laissera pas abusé et sa relation à son Père est si forte qu’il ne sera pas induit en tentation. Bien plus, il répondra au démon en utilisant le même procédé que lui : il citera l’Ecriture, lui redonnant son juste sens.
Ce qui vit Jésus au désert n’est pas étranger à ce que nous pouvons vivre. Loin de nous réconforter, il me semble que cela nous appelle même à une vigilance de tous les instants. Si Jésus est tenté, qu’il est de surcroît avec les mots de la Parole de Dieu, alors combien plus pouvons-nous l’être à notre tour ! Luc précise que Jésus « passe à travers le désert » : il passe au travers de ces épreuves de foi, comme il passera au travers des griffes de la mort.
Jésus passe… il passe au travers des tentations qui ont été celles de son peuple, le Peuple élu, lors de son errance dans le désert. Il montre ainsi, en passant de la sorte, que la faute et la chute ne constituent plus les derniers mots de l’existence humaine.

I.- Jésus passe au travers des mêmes tentations qui furent celles d’Israël.

Situé, dans l’évangile de Luc, entre le récit du baptême de Jésus et celui des débuts de sa mission à Nazareth (Lc 4, 16 sq.), le récit de l’épreuve de Jésus au désert peut être mis en relation avec les nombreuses traditions qui, dans l’Exode, le Livre des Nombres et le Deutéronome, relatent les épreuves d’Israël au désert.
Jésus est tenté durant quarante jours, comme le peuple d’Israël fut jadis tenté pendant quarante années, et les tentations qu’il affronte sont les tentations mêmes auxquelles Israël fut confronté. Rappelons-nous.
La tentation d’une possession sans limite de nourriture évoque la convoitise du peuple. Le Livre des Nombres nous le rapporte (Nb 11).
La tentation de l’idolâtrie, qui fut celle d’Israël lors de l’épisode du veau d’or, est relatée dans le Livre de l’Exode (Ex 32). La tentation, enfin, de la mise à l’épreuve de Dieu lui-même qui fut, selon le chapitre dix-septième, celle de Massa et de Meriba.
Si le peuple d’Israël cède à ces tentations, s’il tombe parce que sa foi n’est pas assez forte pour mettre sa confiance et son secours en Dieu seul, Jésus, lui, demeure le plus fort. Il ne se laisse pas abuser par le Tentateur. A sa perversité et aux arguments fallacieux qu’il développe, il répond en mettant en avant une juste interprétation de la Parole de Dieu et en faisant de son Dieu et Père son seul appui, son unique rempart. Il décide de « se tenir sous l’abri du Très-Haut, de reposer à l’ombre du Puissant » (psaume 90).

II.- La faute et la chute ne constituent plus les derniers mots de l’existence humaine.

Là où telle une fatalité à laquelle il serait humainement impossible d’échapper, là où l’on pensait devoir toujours retomber, Jésus manifeste prodigieusement dans la simplicité et le dénuement du désert qu’il est possible d’espérer. Sans doute avons-nous chacun fait cette expérience démobilisante de retomber dans les mêmes travers, de retomber quasi-inévitablement dans le même péché, alors nous nous disons que telle doit être notre nature et qu’il est impossible de la changer, de la dresser, eussions-nous été au préalable pardonnés et relévés de ces mêmes fautes. Alors nous éprouvons un sentiment de lassitude en même temps que celui de ne pas être libre. Le bien que nous voudrions faire, nous le faisons pas, et le mal que nous ne voudrions pas faire, nous le faisons. C’est, rappelez-vous, déjà l’expérience de saint Paul.
De la même manière donc dont Israël surmonte le temps du désert, et parvient finalement, malgré bien des infidélités, au salut en prenant possession du pays ruisselant de lait et de miel qui lui est promis, Jésus, lui aussi, « traverse » le désert pour en sortir victorieux. Il le « traverse » bien mieux que n’a pu faire le peuple élu ; sur Lui, le péché n’a pas de prise. Ayant assumé les mêmes épreuves que le peuple dont il est issu, Jésus dessine à travers les obstacles du désert un chemin de vie, montrant que la faute et la chute ne constituent pas les derniers mots de l’existence humaine.
Avant même que d’entamer sa vie publique, Jésus se montre capable de la mission reçue du Père. Son intimité avec Lui sera totale et, dans cet épisode évangélique, transparaît déjà sa Pâque. Souvenons-nous que « Pâque » ne signifie rien d’autre que « passage » : ici Jésus passe au travers du péché et vainc le Tentateur, ici Jésus est déjà victorieux. Sa victoire sur les tentations du désert est ainsi annonciatrice de la victoire sur la mort, dans la confrontation ultime de la croix, qui ouvre définitivement à l’humanité le chemin du salut (Rm 10, 9).

Le propre du démon est de semer le doute et d’éprouver. Il parle à Jésus au conditionnel : « Si tu es le Fils de Dieu », « si tu te prosternes devant moi ». « Si vous mangez du fruit de l’arbre, vous ne mourrez pas ! », dit-il déjà à Adam et Eve au jardin du Paradis. Ces mêmes conditions nous viennent à l’esprit, parfois aux lèvres : Si Dieu était bon, le monde ne serait pas ainsi… Si Dieu faisait un miracle, je croirais… Si Dieu est miséricorde, il peut tout pardonner… si, si, si et si ! Mais alors, tout compte fait, à quoi bon ? A quoi bon la confession puisque, de toute façon, on recommence toujours à pécher ? Georges Bernanos (in Les grands cimetières sur la lune) a écrit : « Le démon de mon cœur s’appelle à quoi bon ». Que de conditions imposées à Dieu pour que nous croyions en Lui, que de doutes distillés dans notre esprit ! Que d’occasions de tout remettre en cause !
Que ce temps du Carême soit propice à raffermir notre foi ! A l’exemple de Jésus, ne cessons de croire que Dieu peut tout et qu’Il est notre seul appui ; qu’avec Lui nous allions au désert pour passer des tentations à la joie et à la grâce de croire !


AMEN.

+ Michel Steinmetz.

jeudi 22 février 2007

Homélie du Mercredi des Cendres, à l'occasion de l'entrée en Carême - 21.02.2007



A entendre les invectives de Jésus, comment ne pas nous laisser toucher par ses reproches à l’égard de ceux qui aiment se tenir en bonne place, ceux qui aiment se donner en spectacle ?
Car que faisons-nous ce soir pour entrer en Carême ? Nous nous rassemblons en communauté de paroisses, donnant plus de poids encore à notre démarche. Nous tenons à ce que l’on sache qu’aujourd’hui commence pour nous la montée vers Pâques. Dans un instant nous serons marqués des Cendres et en sortant de cette église, tout à l’heure, nous les porterons encore sur notre front. N’y a-t-il pas plus visible comme signe de notre volonté d’avoir effectivement célébré ce jour dans la prière ? N’avons-nous pas marqué cette journée par le jeûne et l’abstinence, signes eux aussi visibles parce qu’inscrits dans notre comportement ?
Alors, oui, cette démarche n’est pas qu’intérieure et nous nous sentons pris comme en porte-à-faux entre nos pratiques et les affirmations tranchées de l’évangile. Avons-nous pour autant trahi les recommandations du Christ ? Avons-nous été infidèles ?
Le geste des Cendres et ce que je désignerai volontiers comme le risque du pharisianisme – entendez : cette volonté de se mettre en avant – nous appellent à un chemin de conversion vers l’unité intérieure.

I.- Le geste des Cendres.

C'est pour tenir les quarante jours de jeûne et de privation, en dehors des dimanches qui sont toujours jour de fête et de résurrection - même en temps de Carême - que le début de celui-ci fut avancé au mercredi. Pour souligner l'entrée en Carême, ce mercredi, s'est développé le geste symbolique d'imposition des cendres. À l'origine, seuls ceux qui avaient gravement péché recevaient « le sac et la cendre » pour se vêtir durant le temps de pénitence qui préparait à leur réintégration dans la communauté chrétienne. Puis, à partir du Xème siècle, ce geste s'est étendu à tous les fidèles, marquant ainsi le début d'une démarche de conversion, de retournement et d'effort sur soi pour se tourner vers le Seigneur (c'est le sens du mot pénitence). Si la cendre évoque la faiblesse de l'homme[1] et sa fragilité[2], elle évoque aussi son regret du péché[3]. Ainsi, dans l’Ancienne Alliance déjà :
Thamar, après l’outrage que lui fit son frère Ammon, se couvrit la tête de cendre ;
David dit qu’il « mangera de la cendre comme du pain » ;
Jérémie prête le même langage à Jérusalem.
Le Livre de Job dit de Dieu que :« S’il ne pensait qu’à lui-même,S’il retirait son esprit et son souffle,Toute chair expirerait à l’instant,Et l’homme retournerait en cendre. »
Pour les chrétiens, l'imposition des cendres est avant tout encore un rite pénitentiel dont la signification est portée par la phrase que prononce le prêtre en accompagnant son geste : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » (Mc 1, 15).

II.- Le risque du pharisianisme.

On l’aura bien compris : le geste éminemment biblique et pénitentiel des Cendres est avant tout un appel à la conversion. Les déviances stigmatisées par Jésus, celles d’être remarqué dans et pour se prière, dans et pour son jeûne, ne sont pas nouvelles ! Elles touchent le cœur de l’homme pécheur depuis sa sortie du Jardin d’Eden.
Les prophètes, déjà, ont compris ce danger d’un culte uniquement extérieur, basé sur des pratiques mais dénué de toute implication intérieure. Joël rapporte comme « paroles du Seigneur » : « Déchirez vos cœurs et non vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment… ».
Mais Joël sait aussi que l’homme ne saurait se passer de signes visibles pour l’aider dans sa conversion, mais qu’il a pareillement besoin de vivre ce chemin entouré de ses frères et sœurs en humanité. Alors, il n’hésite pas à demander à ce que le peuple se rassemble, comme nous l’avons fait ce soir, en « assemblée sainte ».

III.- La nécessité de l’unité intérieure.

Remarquez enfin que, dans l’évangile de ce jour, Matthieu ne nous rapporte pas les paroles de Jésus comme une condamnation de sa part des pratiques extérieures de la foi mais comme des recommandations pour qu’elles portent tout leur fruit.
Ainsi, je me risque à reprendre sous la forme de brèves pistes ce que nous pouvons retenir des paroles du Christ.
- Quand nous agissons, que ce soit d’abord pour plaire à Dieu avant de plaire aux hommes.
- Que nos gestes, nos paroles et nos actes soient guidés et mus par la gratuité. Nous ne faisons rien de bien ni rien de bon si nous attendons quelque chose, fût-elle minime, en retour.
- Quand nous prions, veillons à ce que notre cœur soit touché par les paroles que nous entendons ou prononçons.
Il en va de l’unité intérieure de notre vie : pour que nos paroles s’accordent à nos actes, et nos actes à nos paroles. Rude et difficile chemin d’accorder l’un à l’autre, mais chemin de vérité. Laissons porter par les signes que l’Eglise nous donne et nous invite à observer : les cendres aujourd’hui, la pratique du jeûne, de l’aumône, et bien évidemment une vie de prière intense dans la méditation de la Parole de Dieu et la fréquentation des sacrements.

Ce n’est qu’à ce prix-là, en étant quelque peu exigeant avec nous-mêmes, que nous ferons une place à Dieu pour « qu’il crée en nous un cœur pur » - c’étaient les paroles du psaume, qu’il renouvelle et raffermisse au fond de nous notre esprit. Ce même Seigneur, alors, saura ouvrir nos lèvres pour que notre bouche annonce sans retenue sa louange et que jaillisse dans la nuit de Pâques notre « alléluia » !


AMEN.



+ Michel Steinmetz.

[1] cf. Genèse 3, 19 « Souviens-toi que tu es poussière… »
[2] cf. Sagesse 15, 10 ; Ézéchiel 28, 18 ; Malachie 3, 21.
[3] cf. Judith 4, 11-15 ; Ézéchiel 27, 30.

Homélie du 4ème Dimanche du Temps Ordinaire (C)


« Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur ». Lc 5, 9

Ce n’est sans doute pas la phrase qui retient notre attention dans ce passage d’évangile. Notre esprit s’attache plus volontiers à la parole de Jésus : « Désormais, ce sont des hommes que tu prendras », ou même à celle qui conclut ce que nous venons d’entendre : « Laissant tout, ils le suivirent ». Nous serions tentés de ne retenir qu’un appel pressant à l’action. Ce serait là mésestimer tout le reste. Si Jésus envoie ses disciples, s’ils les préparent à prendre eux-mêmes le relais de l’annonce de la Parole, il fonde leur action future sur l’expérience fondamentale d’une présence, de Sa présence.
Il faut avouer que cette scène évangélique marque les esprits à la mesure de la pêche de ce jour. Devant une telle manifestation de puissance, un homme, un disciple, Pierre, ne s’y trompe pas. Pêcheur lui-même, le signe donné là par Jésus lui parle plus qu’à quiconque. En fait, il lui est donné pour qu’ « il avance au large ».
« Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur », c’est-à-dire : « Seigneur, je ne suis pas digne qu’un tel signe me soit donné, je ne suis pas digne de paraître devant toi ». La réaction de Pierre est bien humaine, n’est-ce pas ? Nous la partageons et nous ressentons ce même sentiment d’imperfection. Nous éprouvons le même besoin d’être purifié, mis en marche, pour témoigner à notre tour de la présence dont nous faisons l’expérience.

I.- Qui est digne de se tenir en présence de Dieu ?

La réaction de Pierre est légitime. Si nous sommes un temps soit peu honnête, nous n’avons aucune peine à la partager. A nous laisser saisir en profondeur par l’Ecriture, chaque verset, chaque mot nous bouleverse devant tant d’amour révélé. La vie même de Jésus nous appelle de manière pressante à la sainteté. Nous ne pouvons nous satisfaire de notre médiocrité, de nos manques, de notre péché. Franchement, si nous consentons à nous laisser rejoindre par la Parole de Dieu, si nous ouvrons notre cœur, nous ne pouvons rester insensibles. Pierre sait bien que face à la puissance de l’amour de Jésus, il est petit, vil, méprisable.
« Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures ; et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers ! », s’exclame le prophète Isaïe. Il a conscience de l’incommensurable distance qui le sépare du Dieu trois fois saint qu’il contemple dans sa vision. Il en est comme tétanisé. Pierre ressent pareil « effroi », nous dit l’évangile.

II.- Il nous faut nous laisser purifier.

Comme le prophète Isaïe, Pierre appelle une purification qui le rendrait capable de se tenir là, en vérité, face à son Seigneur. Alors que, dans l’Ancien Testament, il n’était possible à nul homme de voir Dieu sans connaître la mort, Isaïe, avait été marqué aux lèvres par un charbon ardent, afin d’être purifié de ses fautes, d’être établi donc dans une dignité tout spéciale qui lui permettra de devenir le messager de l’expérience de proximité ainsi vécue. Pierre, quant à lui, n’aura pas besoin d’être marqué par le feu de la braise. Il n’aura qu’à se laisser consumer par l’amour d’un autre, celui de son Maître. Il n’aura qu’à se laisser prendre dans les filets qu’il a lui-même jetés dans le lac, filets de la Parole, filets de l’amour sans limite. Il lui est donné non seulement de voir Dieu mais de partager sa vie sur la route des hommes.
Cette purification d’un amour qui ne sera pas à sa mesure, qui ne sera pas le fruit de son effort, mais la libre acceptation de se savoir aimé, cette purification-là et cette expérience lui permettront de fortifier ses frères dans la foi. Elles lui donneront de devenir, par pure grâce, « pêcheur d’hommes ».

III.- Une nécessaire contemplation pour l’action.

Remarquez bien que Jésus n’envoie pas ses disciples sans s’être assuré au préalable de leur ressort intérieur. S’il les rassure – « sois sans crainte », dit-il à Pierre, c’est parce qu’il sait qu’ils ont fait en vérité l’expérience de la rencontre et de la présence. Dans le signe de cette pêche miraculeuse, ils n’ont pas vu que la puissance de Dieu à l’œuvre. Ils ont bénéficié de l’enseignement de Jésus : leur foi a été préparée, telle une terre, a recevoir ce grain fertile de la Parole. Ils ont vécu dans sa proximité, dans un compagnonnage de fait.
Leur action, si nécessaire soit-elle, n’aurait pu être féconde si elle n’avait pris d’abord racine dans la contemplation, c’est-à-dire dans cette attitude qui consiste à se délecter de la seule présence de Dieu. Comme un amoureux sent son cœur se dilater à la seule pensée de l’amour dont il est l’objet, celui qui trouve sa joie et sa paix dans l’intimité du Seigneur portera du fruit. C’est d’ailleurs la seule raison d’être et de vivre des séraphins dans le Temple : ils se tiennent en présence du Seigneur et se crient, sans cesse, l’un à l’autre, telle une bonne nouvelle qu’on ne finit pas d’annoncer : « Saint, saint, saint le Seigneur Dieu de l’univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire ! ».

Le psalmiste a eu l’audace de chanter dans sa prière : « De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce : tu as entendu les paroles de ma bouche. Je te chante en présence des anges ; vers ton Temple sacré, je me prosterne ». Puissions-nous avoir la même audace en ne demandant qu’une chose, tout en nous en donnant les moyens par une vie de prière authentique et quotidienne : avoir la même proximité avec le Seigneur que les séraphins au Temple ! Alors, avec Pierre, nous pourrons être sans crainte : nous témoignerons et nous prendrons les hommes et les femmes de notre temps dans les filets de l’amour de Dieu !


AMEN.

+ Michel Steinmetz.